La démence sénile affecte les personnes âgées dans leurs activités quotidiennes, dans leur autonomie, dans leur relation au monde et dans leur estime de soi. Ce déclin cognitif, pour lequel il n’existe pas de traitement curatif, peut toutefois être prévenu et ralenti s’il est pris en charge de façon adéquate.
La démence, que l’on appelle parfois démence sénile en raison du fait qu’elle survient avec le vieillissement, n’est pas une maladie à proprement parler. Il s’agit d’un ensemble de manifestations cliniques indiquant une altération progressive de la mémoire et des fonctions cognitives en général, en raison d’une atteinte des cellules du cerveau (neurones). Pour entrer dans la définition de démence, les symptômes doivent être suffisamment sévères pour entraver la vie quotidienne de la personne.
La maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire (consécutive à un AVC) sont respectivement les première et deuxième formes les plus courantes de démence. Dans près de la moitié des cas, il s’agit en réalité d’une démence mixte, qui associe une maladie neurodégénérative de type Alzheimer et des lésions vasculaires.
Cependant, l’apparition de signes de démences n’est pas systématiquement révélatrice d’une pathologie incurable. Elle peut avoir une cause réversible, telle qu’un trouble endocrinien, une dépression ou encore une carence en vitamines.
La démence sénile peut se manifester de diverses façons en fonction des individus. On note généralement des pertes de mémoire, des troubles du comportement, une désorientation ou encore des troubles du sommeil et de l’alimentation. Quelle que soit la forme qu’elle prenne, la démence est caractérisée par l’atteinte d’au moins deux des fonctions mentales essentielles :
la mémoire
la concentration et l’attention
le raisonnement
le langage
Au-delà des fonctions qu’elle affecte, la démence se caractérise par son caractère évolutif. Dans la plupart des cas, l’apparition des symptômes est lente et ils s’aggravent avec le temps. Il est souvent difficile d’identifier le moment exact où elle débute.
Bien que l’ordre d’apparition des symptômes puisse grandement varier d’une personne à l’autre, la démence évolue souvent selon le schéma suivant :
Aphasie partielle (troubles du langage) : la personne cherche ses mots, peine à se rappeler le nom d’objets familiers ou le prénom de ses proches
Apraxie (troubles du mouvement volontaire) : même en l’absence de gêne motrice (arthrose, fracture, rhumatismes…) la personne éprouve des difficultés à effectuer certains mouvements pourtant bien connus, comme se brosser les dents, applaudir, s’habiller…
Agnosie (troubles de la reconnaissance d’objets) : la personne ne parvient plus à reconnaître certains stimuli avec au moins l’un des 5 sens. L’agnosie peut être auditive, auquel cas la personne n’identifie plus les sons, visuelle, si le trouble concerne la reconnaissance d’objets ou de personnes, ou encore tactile, si la personne ne reconnaît pas l’objet qu’elle touche. L’agnosie peut entraîner une forte désorientation.
Au dernier stade d’évolution de la démence, les fonctions motrices sont atteintes et l’état de santé général se détériore. Les troubles de la déglutition et l’affaiblissement de l’organisme favorisent le développement de pneumonies, qui constituent l’une des principales causes de décès chez ces patients.
Si le terme “démence sénile” est aujourd’hui controversé, c’est qu’il est issu de l’idée selon laquelle ces manifestations résulteraient du vieillissement normal. Cette idée reçue peut dissuader les personnes présentant des signes de démence et leurs proches de se tourner vers un médecin, pensant qu’il s’agit d’un phénomène inévitable. Bien que la démence soit prédominante chez les personnes âgées, elle ne doit pas être considérée comme une composante normale du vieillissement.
C’est pourquoi recourir à l’aide d’un médecin dès les premiers signes de démence est essentiel. Premièrement, une évaluation médicale peut mettre en évidence une maladie curable à l’origine des troubles cognitifs. Deuxièmement, si les examens confirment le diagnostic de démence, une prise en charge précoce permet de maximiser l’effet des traitements palliatifs et de planifier l’avenir en douceur.
Les raisons précises qui entraînent la démence sont encore méconnues. L’OMS résume la cause de la démence en un “ensemble de maladies et de traumatismes qui affectent principalement ou dans une moindre mesure le cerveau”. Ces maladies et traumatismes sont de diverses natures et résultent de l’association de facteurs génétiques, physiologiques, environnementaux et hygiéno-diététiques.
Comme mentionné précédemment, certains troubles caractéristiques de la démence sénile peuvent s’avérer être liés à une condition qu’il est possible de traiter, comme la dépression, certaines carences, les problèmes de thyroïde, l’abus d’alcool ou encore la consommation de certains médicaments.
Malgré de nombreuses pistes explorées par la communauté scientifique, il n’existe encore aucun traitement médicamenteux efficace pour freiner la progression des démences. Le traitement de la majorité des démences évolutives repose de nos jours sur l’administration de traitements symptomatiques, la psychothérapie, la thérapie comportementale et la stimulation cognitive des patients. Ces traitements n’ont pas pour but de guérir la démence mais de préserver autant que possible les aptitudes de la personne malade et de minimiser sa perte d’autonomie.
Au fil de l’évolution de la démence, il devient de plus en plus difficile pour la famille d’assurer tous les soins et la présence nécessaires à leur proche malade. Dans la plupart des cas, le maintien à domicile est remis en question et l’accueil du patient en EHPAD ou en maison de retraite spécialisée est préconisé.
La prévention est aujourd’hui le meilleur outil pour combattre ce problème de santé publique. La pratique régulière d’une activité physique, la stimulation intellectuelle au quotidien, une alimentation saine, l’arrêt du tabac et la réduction de la consommation d’alcool sont autant de mesures qui peuvent contribuer à réduire le risque de développer une forme de démence avec l’âge.