Un premier rendez-vous, un entretien d’embauche, un examen : autant d’expériences courantes facteurs d’un stress important. Cette sensation peut être envahissante et devenir un vrai handicap : paralysés par l’anxiété, nous perdons les moyens qui nous permettraient pourtant de surmonter facilement ce qui nous semble une épreuve. Comment faire face ? Doit-on s’efforcer d’éliminer toute trace de stress ou est-il possible de tirer parti de cette réaction naturelle ?
De nombreuses idées reçues veulent qu’on s’épanouisse dans le stress. C’est très certainement faux si le stress est intense et/ou répété. Mais, bien qu’il soit parfois coûteux pour l’organisme, le stress peut représenter une force en ce qu’il mobilise rapidement le maximum de ressources pour faire face à une situation à fort enjeu. Ponctuellement, le stress pourra alors être vu comme un atout qu’il convient de bien gérer pour en tirer le meilleur. C’est alors moins la question du stress lui-même qui devient centrale que celle de son intensité et de sa durée.
Une étude récemment menée par l’équipe de Daniela Kaufer, biologiste de l’université de Berkeley (Californie), a mis en évidence qu’un stress modéré de courte durée pouvait améliorer la mémoire. Les résultats des expériences effectuées sur les rats montrent la production de nouveaux neurones dans l’hippocampe. Attention, si le stress s’intensifie, il a alors un effet contraire ! Il est donc fondamental de maîtriser son stress pour en faire un moteur de l’action et de la cognition, et non un frein.
Le principe d’un stress qui ne soit pas nécessairement néfaste apparaît également dans les échelles de mesure du stress professionnel. Des travailleurs peuvent trouver leur activité très stressante sans pour autant en souffrir : « Combinaison d’une pression élevée et d’une grande liberté d’action, [la situation de travail active] rendra le travailleur dynamique et motivé » (Wassenhove, 2014). Un état bien distinct du job strain qui caractérise le stress chronique et la zone de danger pour l’individu.
Le stress ou la « pression » sont une dimension inévitable de la compétition et les sportifs connaissent bien ces instants où se joue parfois très rapidement une carrière ! Pour mieux les affronter, ils jouent de la mécanique physiologique du stress, dont la première phase, dite d’alarme, « booste » les performances corporelles, grâce à l’augmentation de la fréquence cardiaque et respiratoire, une meilleure oxygénation des muscles et l’augmentation de l’apport en glucose. Grâce au stress, le compétiteur mobilise au mieux ses ressources au bénéfice de ses résultats. De même, durant la phase qui suit, celle de résistance, la production de glucocorticoïdes permet de maintenir la production de glucose à un niveau élevé afin de nourrir l’organisme. Ceci a cependant un coût important pour l’organisme. Il est donc fondamental de ne pas subir un stress trop important ou trop long car, durant la phase d’épuisement, le corps souffre, les ressources s’épuisent et les performances diminuent.
On sait depuis longtemps que s’il n’est pas trop envahissant, le stress n’est ni nuisible ni bloquant. Loin s’en faut. Les sportifs doivent donc apprendre à gérer leur stress : s’il se déclenche trop longtemps avant l’épreuve, il sera contre-productif tandis que, quelques instants avant le départ, il optimisera les performances. Le psychologue Yuri Hanin, du Research Institute for Olympic Sports, a ainsi défini une « zone optimale », qui correspond à un « niveau moyen d’anxiété situationnelle permettant de réaliser les meilleures performances » (Cox, 2005). Cette zone optimale varie selon les personnes et chacun doit ainsi apprendre à se connaître et éprouver ses réactions pour mieux gérer son stress.
Patrick Gaudreau, de l’université d’Ottawa, a mis en évidence une série de « stratégies de gestion du stress » utilisées par les joueurs de golf. Certaines sont orientées vers la tâche à accomplir, comme le contrôle des pensées, la relaxation, l’analyse logique ou la recherche de soutien, d’autres vers la distraction – permettant de mettre de la distance vis-à-vis de la situation –, d’autres enfin, vers le désengagement. Il montre que, si certaines sont efficaces, d’autres peuvent être contre-productives. L’entraînement, en particulier, est important car il permet d’acquérir de la confiance. Ainsi, même lors des compétitions importantes, les sportifs parviennent à modérer leur stress et canaliser la pression au bénéfice de leur performance sportive.
Le stress peut parfois être un allié, mais sur la durée, c’est surtout un ennemi redoutable pour l’organisme. En effet, de nombreux maux physiques et psychiques peuvent découler d’un stress chronique : troubles digestifs, fatigue, dépression, problèmes de sommeil, de peau, de cheveux… Il joue également un cruel rôle accélérant à la vieillesse, en augmentant le dommage oxydatif, autrement dit la mort des cellules. Le stress est à l’origine de changements transitoires de l’âge biologique.
Toutefois, s’il est avéré que le stress chronique a des effets délétères sur le corps et peut conduire à un vieillissement précoce du système immunitaire, cela n’est pas irréversible. C’est en tout cas la conclusion à laquelle des chercheurs américains sont arrivés en avril 2023, dans un article publié dans Cell Metabolism, en avril 2023.
Selon eux, ce vieillissement biologique précoce dû au stress peut s’estomper et revenir à son état initial en quelques semaines, voire quelques jours, une fois le facteur stressant disparu.
Pour prendre de l’âge sans renoncer à votre bien-être, pensez à souscrire une complémentaire santé adaptée aux besoins des seniors.
Source : Fondation APRIL, Santé, Des Stress et moi (2015)