Nouveau-né, jeune adulte ou personne âgée, notre vie est faite de la succession de trois états de vigilance : l’éveil, le sommeil lent et le sommeil paradoxal. L’éveil caractérise tous les moments conscients de notre vie. Au cours de l’éveil actif, nos yeux sont grands ouverts, très mobiles, nos gestes fréquents, rapides, précis, notre temps de réaction à toutes les stimulations qui nous entourent est très court, notre cerveau est en alerte. L’activité électrique cérébrale est rapide, peu ample. Il nous sera difficile de nous endormir au cours de cette période. À ces états actifs succèdent de façon périodique des états de veille passifs au cours desquels nos gestes sont plus lents, notre temps de réaction à ce qui nous entoure plus long. À ce stade, il nous est facile de nous « laisser aller », de fermer les yeux et de nous endormir. Nos ondes électriques cérébrales, lorsque nous avons les yeux fermés, sont plus régulières, un peu plus amples et plus lentes que lors des états de veille actifs. Cet état de veille relaxé est une porte ouverte sur le sommeil.
Le sommeil lent comporte trois stades de profondeur croissante : les stades I et II constituent le sommeil lent léger, le stade III le sommeil lent profond. On l’appelle ainsi, parce qu’il est caractérisé par un ralentissement et une augmentation d’amplitude progressive des ondes électriques cérébrales. Au cours du sommeil lent, le visage est inexpressif, les yeux sous les paupières sont immobiles, nous ne bougeons pas ou peu, mais le tonus musculaire du corps est conservé. Les rythmes respiratoire et cardiaque sont calmes et réguliers. Au cours du sommeil lent léger, un bruit, une lumière trop vive nous réveilleront facilement ; en revanche, la réactivité aux stimulations extérieures est très faible en sommeil lent profond.
Le sommeil paradoxal succède au sommeil lent. Il a été nommé ainsi à cause du contraste entre l’absence totale de tonus et une activité mentale intense, un véritable éveil cérébral, qui correspond au rêve. En sommeil paradoxal, notre visage est plus expressif, plus « social » qu’en sommeil lent. Les paupières sont fermées, mais les yeux bougent très rapidement. Le pouls et la respiration sont aussi rapides qu’en phase d’éveil, mais plus irréguliers. L’hypotonie musculaire est intense ; une véritable paralysie transitoire qui, bien sûr, disparaît dès que nous sommes réveillés ou dans une nouvelle période de sommeil lent. William Dement, un des tout premiers chercheurs à s’être intéressés au sommeil, parle « d’un état actif, halluciné dans un corps paralysé ».
Le rythme du sommeil évolue tout au long de la vie. En vieillissant, il se transforme. Les phases de sommeil profond pendant la nuit se font plus rares, et les réveils, de plus en plus intempestifs.
Durant la journée, les personnes âgées renouent également avec la sieste, une habitude perdue après l’enfance. Le sommeil diurne se fait au détriment du sommeil nocturne. Les temps d’endormissement peuvent également être plus longs, il passe même à plus de 45 minutes à partir de 80 ans, contre moins de 30 minutes avant 50 ans.
Source : Fondation APRIL, Santé et sommeil Une histoire à dormir debout (2014)