« Nous sommes victimes de cette séparation corps-esprit qu’on a érigée comme principe, pas seulement dans l’idée qu’on en a, mais aussi dans notre façon de fonctionner, de vivre. La plupart du temps, nous sommes déconnectés des sensations du corps » estime Jean- Gérard Bloch. C’est comme si, avec la vie moderne, on était trop dans notre tête, pour dire les choses de façon simple, mais pas assez dans notre corps. » La méditation lie au contraire intimement l’un et l’autre. C’est un entraînement de l’esprit et du corps qui fait revenir à la présence, aux sensations dans le corps, donc au corps lui-même. « Cet apprentissage et cet entraînement de l’attention passent par une première étape qui est de restaurer un fonctionnement de l’attention de base aux sensations qui sont présentes dans le corps », précise le rhumatologue.
Contrairement à ce que proposent les thérapies comportementales, par exemple, le bénéfice n’est pas d’avoir modifié ses idées, sa façon de penser, supprimé ses peurs ou ses idées noires à l’issue du programme. Les séances ne sont pas orientées contre quelque chose, mais plutôt dans l’accueil et l’analyse de ce qui est. Et c’est l’entraînement lui-même (et non ce qui serait dit autour de cet entraînement) qui produit des effets en conduisant l’esprit et le cerveau à fonctionner autrement. En ce sens, il s’agit bien d’un apprentissage aussi bien mental que physique.
On peut aussi décrire la méditation de pleine conscience en comparaison avec l’hypnose, ou les démarches qui consistent à détourner son attention de ce qui est douloureux ou pénible. À l’inverse, le méditant sera encouragé à se concentrer sur ce qui le dérange, mais en le limitant au moment présent, ce qui évite la « boule de neige » négative qui est souvent à l’origine d’un emballement dépressif. Ainsi, un insomniaque pourra accueillir plus sereinement ses réveils nocturnes, sans se ronger les sangs en anticipant sur toutes les catastrophes que sa fatigue provoquera le lendemain
Les approches basées sur la pleine conscience sont fréquemment citées dans des articles médicaux pour leurs effets sur l’amélioration des fonctions immunitaires, la diminution de l’inflammation et de la tension artérielle. Le combat contre les douleurs chroniques passe aussi par des programmes MBSR. On retrouve une meilleure qualité de vie chez ceux qui souffrent de fibromyalgie, de cancer, et d’infection au VIH. Des essais cliniques ont mis en évidence l’intérêt de la méditation pour le syndrome du côlon irritable, l’adaptation au diabète, l’adaptation au cancer, le syndrome de fatigue chronique, l’hyperphagie associée au stress, l’arrêt tabagique, les bouffées de chaleur, l’insomnie.
Le programme de méditation de pleine conscience MBSR est la principale référence pour la pratique de la méditation dans un objectif thérapeutique. Il est étonnamment simple.
Il se déroule pendant huit semaines, avec une séance collective hebdomadaire de 2 heures environ et un travail individuel de 45 minutes par jour.
Chaque séance commence par un exercice de 45 minutes d’attention et se poursuit par un échange par petits groupes autour des sensations découvertes par les uns ou les autres.
L’entraînement, accompagné en séance, et qu’il faut réaliser seul ensuite, consiste à travailler son attention et à l’orienter sur le moment présent.
L’objectif est de progressivement éliminer les éléments perturbateurs (le bavardage mental par exemple) qui empêchent d’accueillir l’instant présent sans jugement ni réactivité.
Cela passe par des exercices où l’on se met à l’écoute de sa respiration et de son corps.
Quelques techniques corporelles comme le scan corporel (ressentir une à une les différentes parties de son corps), des postures de yoga, des mouvements lents ou la marche aident à réaliser les exercices d’attention.
Le programme s’achève par une journée d’échanges qui a pour objectif d’engager les participants dans une pratique régulière.
La méditation de pleine conscience peut être d’une aide précieuse pour les seniors, qui font face à des enjeux de santé qui leur sont propres. Au fil des années, la gestion du stress, des douleurs chroniques et des problèmes de santé mentale prend une place particulière, et il est parfois difficile de trouver en soi les ressources pour surmonter ces obstacles.
La méditation de pleine conscience peut contribuer à donner aux aînés les clés pour accueillir cette nouvelle étape de leur vie de la meilleure des manières. En favorisant la relaxation, en aidant à la gestion de la douleur et en renforçant la connexion entre le corps et l'esprit, cette approche méditative se révèle particulièrement adaptée aux problématiques rencontrées par le 3ème âge et peut véritablement améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
Et pour garantir une sérénité optimale au quotidien, il est par ailleurs essentiel que nos aînés aient accès à une couverture d'assurance santé senior qui réponde à leurs besoins spécifiques.
Source : Fondation APRIL, Santé, En quête d’équilibre (2018)