Nous sommes des êtres diurnes, c’est-à-dire que nous sommes actifs durant la journée et que nous dormons la nuit. Notre cerveau synchronise notre rythme veille/sommeil sur un rythme externe, celui de l’alternance lumière/obscurité, et selon une période de 24 heures qui correspond à la durée de la rotation de la Terre sur elle-même. Deux facteurs interviennent dans la propension à s’endormir. La dette de sommeil, qui dépend de la durée de veille préalable, pourrait être représentée par un sablier : c’est le facteur homéostatique. L’alternance entre la lumière et l’obscurité, qui détermine le créneau horaire opportun pour accéder au sommeil, fonctionne un peu comme une horloge : c’est le facteur circadien. Après une nuit blanche, par exemple, ces deux facteurs sont en contradiction : le sablier dit qu’il faut dormir, mais l’horloge donne des signaux d’éveil…, ce qui peut expliquer que le sommeil est parfois difficile à obtenir.
La preuve du caractère endogène du rythme veille/sommeil a été faite, grâce à l’expérience menée par l’aventurier et scientifique français Michel Siffre en 1962. Il s’est isolé dans une grotte, le gouffre de Scarasson, pendant près de deux mois. Les conditions externes (température, luminosité…) étaient constantes.
Il transmettait à l’équipe de surface des informations sur son rythme veille/ sommeil (heures de coucher et de lever). Son rythme « endogène », non modifié par des synchroniseurs extérieurs, a alors pu s’exprimer, et Michel Siffre a constaté en remontant à la surface qu’il s’était décalé de plusieurs jours… En effet, la période de son rythme veille/ sommeil était d’environ 24 heures et 30 minutes. Ce type d’expérience a été reproduit depuis et a permis de montrer que notre horloge biologique possède un rythme propre (avec une période d’environ 24 heures et 10 minutes en moyenne), mais qu’elle était capable de se synchroniser sur 24 heures, grâce à des repères extérieurs.
De nombreuses fonctions de notre organisme répondent à une organisation cyclique, qu’il s’agisse de fonctions orientées vers l’extérieur (activité motrice, intellectuelle, comportement alimentaire), du sommeil, de processus internes, comme la fonction cardio respiratoire, la température corporelle, la sécrétion de certaines hormones, ou même des mécanismes cellulaires. Ces rythmes se définissent par une période qui, lorsqu’elle avoisine les 24 heures, est dite circadienne. L’horloge principale de notre organisme se situe dans le cerveau, au sein d’une région nommée l’hypothalamus, dans le noyau suprachiasmatique. Sous son influence, la mélatonine est produite : c’est une hormone qui joue un rôle promoteur du sommeil, mais également un rôle synchroniseur sur de nombreuses fonctions. Le taux maximal de mélatonine est atteint vers 3 heures du matin, et correspond aussi au minimum de la température corporelle et à une diminution importante du niveau de vigilance.
Le noyau suprachiasmatique est lui-même sous le contrôle du principal facteur synchroniseur externe, la lumière. En effet, certains récepteurs situés sur la rétine informent directement l’hypothalamus du niveau de luminosité externe. Ainsi, à la tombée de la nuit, le signal est donné qu’il est temps de produire la mélatonine. Comme cette information arrive à peu près à la même heure chaque jour (période de 24 heures), l’horloge se « cale » selon un rythme circadien. D’autres synchroniseurs interviennent également pour régler notre horloge, tels que les prises alimentaires, l’activité physique, ou encore nos relations sociales.
Les heures avant minuit comptent-elles double ? Cela dépend de votre chronotype ! Si la plupart d’entre nous dorment la nuit, certains vont se coucher plus tard que d’autres ; c’est ce qui définit le chronotype. Il y a les « couche tôt-lève tôt », dits « du matin », car ils sont en général plus en forme sur le plan physique et intellectuel durant la matinée.
Inversement, les sujets « du soir » se sentiront plus efficients dans la soirée et auront tendance à se coucher, et à se lever plus tard. Les 2/3 d’entre nous ont un chronotype intermédiaire. Cette caractéristique individuelle de notre rythme veille-sommeil est corrélée à notre sécrétion de mélatonine, qui se fera plus tard chez les sujets du soir que chez les sujets du matin.
La sensibilité au rythme des jours (rythmicité circadienne) est presque universelle dans le règne animal et végétal. L’étude de certaines espèces, comme la mouche drosophile, a permis d’identifier des gènes dont la mutation a un impact sur cette rythmicité. Autrement dit, il y a vraisemblablement une forte composante génétique à notre chronotype. Pour autant, l’impact de l’environnement et des comportements sur notre rythme veille/sommeil n’est pas négligeable. Il est possible de retarder le pic de production de mélatonine d’une personne vers le matin en lui administrant de la lumière le soir et un médicament à base de mélatonine de synthèse le matin. Inversement, ce pic sera avancé si on administre de la lumière le matin et de la mélatonine de synthèse le soir. Ainsi, en théorie, notre chronotype serait modifiable… Cependant, pour que ces modifications perdurent, il faut garder une grande rigueur dans l’administration des synchroniseurs, et notamment dans l’heure de lever le matin ! Il faut savoir aussi que le chronotype est susceptible de varier au cours de la vie ; l’adolescent présente une tendance physiologique au retard de phase, et le sujet âgé est plus souvent en avance de phase.
Notre vigilance, mesurée par des tests évaluant des temps de réaction ou encore les capacités de jugement, subit des variations au cours du jour et de la nuit, qui reflètent l’intrication de déterminants chronobiologiques et homéostatiques.
Habituellement, la période suivant immédiatement le réveil du matin est associée à une diminution du fonctionnement intellectuel liée au phénomène d’inertie de sommeil. Puis on constate une élévation des performances au fil de la matinée, suivie d’une chute après le déjeuner (indépendante de la prise alimentaire), et à nouveau d’une progression de la vigilance au cours de l’après-midi, après 15-16 heures. Le niveau d’éveil diminue ensuite dans la soirée, jusqu’à atteindre un minimum vers 3 heures du matin. S’ajoute, au fil des heures, une dette de sommeil croissante associée à une diminution de notre vigilance. Ces observations sont importantes à connaître pour l’organisation du travail de nuit, mais aussi pour l’aménagement des rythmes scolaires.
Source : Fondation APRIL, Santé et sommeil Une histoire à dormir debout (2014)
C’est un fait avéré, les nuits deviennent plus courtes avec l’âge. Nombreuses sont les personnes qui se plaignent de moins bien dormir au fur et à mesure qu’ils vieillissent. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs, notamment la baisse naturelle de sécrétion de mélatonine, que l’on appelle “l’hormone du sommeil”, essentielle à la régulation des cycles de sommeil et à l’endormissement.
L’âge s’accompagne aussi, bien souvent, de couchers plus précoces et de réveils plus matinaux. Mais peut-on vraiment en déduire que les séniors dorment moins que les jeunes adultes ? Pas forcément ! Il se trouve que c’est la durée de sommeil nocturne qui diminue (1), alors que la durée totale de sommeil reste sensiblement la même.
Alors que les plus jeunes dorment généralement à raison d’une seule période nocturne, les plus âgés tendent à faire davantage de siestes en journée, ce qui peut expliquer leurs nuits plus courtes.
Si le sommeil évolue naturellement avec l’âge sans que cela ne soit nécessairement un problème, il arrive aussi que l’on développe de véritables troubles du sommeil en vieillissant. Rassurez-vous, quelle qu’en soit la cause, des solutions existent pour y remédier et retrouver un sommeil satisfaisant, en qualité comme en quantité.
Pensez à souscrire une complémentaire santé senior pour pouvoir prendre soin de votre sommeil sans compromettre votre équilibre financier.