La somnolence est un état intermédiaire entre veille et sommeil, ressenti lorsque l’on a besoin de dormir. Elle s’associe à une baisse de vigilance et d’attention, et peut être à l’origine d’endormissements irrépressibles. Lorsqu’ils ne durent que quelques secondes, on parle de micro-sommeils. Ces pics de somnolence diurne ne sont pas forcément conscients, ce qui est un véritable danger et peut entraîner de graves accidents. La somnolence va de pair avec la fatigue. Cette dernière est une perte de vitalité, de motivation. La fatigue est quasi continue dans la journée, alors que la somnolence est ponctuelle. Classiquement, l’insomniaque est fatigué, mais n’est pas somnolent.
Les spécialistes considèrent la somnolence comme anormale dès qu’elle survient de manière répétée, dans des circonstances non appropriées et en l’absence de dette de sommeil. On parle alors de somnolence diurne excessive. Il y a un écart important entre avoir ponctuellement un « coup de pompe » et ne pas être en mesure de renoncer à un endormissement soudain.
La somnolence diurne excessive peut se comparer à une matraque qui assomme et qui rend l’attention impossible. Quand elle nous empêche de faire des choses importantes dans notre vie, comme honorer des responsabilités ou quand le manque d’attention est source de mise en danger, la sonnette d’alarme médicale doit être tirée.
Mais rien d’inquiétant si le sommeil vous gagne :
dans le train le matin en allant travailler,
bercé par le roulis du wagon après un réveil trop précoce ;
dans une réunion monotone en début d’après-midi après avoir déjeuné ;
dans une salle de cinéma en soirée, bien installé dans votre fauteuil ;
devant la télévision, au calme, dans votre canapé.
Le manque de sommeil n’est pas l’unique cause de la somnolence excessive. Elle peut être induite par l’abus ou le sevrage de certaines substances comme l’alcool, les hypnotiques, les anxiolytiques, les opiacés. Des rythmes particuliers peuvent aussi engendrer des somnolences diurnes excessives, comme le travail posté, les horaires décalés, le jet lag. Elles sont physiologiques au cours de la grossesse, surtout les trois premiers et derniers mois, et chez la personne âgée. Mais surtout, différentes maladies ou troubles mentaux peuvent en être la cause, et il est toujours utile d’en parler à un médecin.
Parfois, la somnolence est vécue depuis tellement longtemps qu’elle est soit banalisée, soit attribuée au caractère ou au tempérament de la personne, ce qui n’est pas sans causer des souffrances supplémentaires. Être taxé de fainéant alors que vous souffrez à votre insu d’un trouble du sommeil est déprimant et réduit d’autant plus la motivation. Les troubles du sommeil ne sont pas sans conséquences sur les relations sociales et sur la qualité de vie des personnes qui en souffrent.
Mal respirer en dormant : Une somnolence excessive peut avoir comme origine des problèmes de respiration nocturne. Ensommeillé, notre corps se détend, nos muscles se relâchent. Allongé sur le dos, les muscles de la cavité buccale ont tendance à obstruer les conduits respiratoires qui acheminent l’air aux poumons. Ce phénomène est accentué par la prise d’alcool ou de certains médicaments (comme les somnifères ou les calmants). Dans bien des cas, ces obstructions entraînent un ronflement et, dans les cas les plus graves, des pauses respiratoires. Or, notre corps a besoin d’oxygène, en particulier notre cerveau. C’est vital. En manquer déclenche un effort cardiaque et respiratoire qui casse le sommeil. Les personnes qui souffrent du syndrome d’apnées du sommeil (SAS) peuvent faire des pauses respiratoires plusieurs dizaines de fois par heure de sommeil. Dans les cas les plus sévères, elles arrêtent de respirer toutes les minutes.
Il est normal de faire quelques apnées ou hypopnées au cours du sommeil, elles seront considérées comme pathologiques au-delà de cinq par heure. La sévérité de cette maladie dépend de la fréquence des limitations respiratoires et des micro-éveils au cours du sommeil. Le syndrome d’apnées du sommeil est fréquent, 5 % des adultes en seraient atteints en France. À de rares exceptions près, le SAS est associé à une obésité, des graisses autour des voies respiratoires aggravent les obstructions. Dans le cas contraire, il peut être la conséquence soit d’un dysfonctionnement des commandes nerveuses de la respiration, soit d’une anatomie particulière ; par exemple, des mandibules trop en arrière, une langue trop volumineuse, de grosses amygdales ou végétations chez l’enfant.
Être de sexe masculin, en surpoids et avoir de l’hypertension constituent un risque majeur. Plusieurs signes peuvent évoquer la présence d’un SAS. Le jour, la somnolence et la fatigue sont quasi constantes et parfois sources d’accident au volant ou lors d’activités nécessitant de l’attention (travail, bricolage).
Cependant, la somnolence et la fatigue peuvent aussi se traduire par des troubles de concentration ou d’attention. Des maux de tête au réveil, une forte irritabilité, des trous de mémoire, une humeur maussade sont très fréquents. Des problèmes sexuels peuvent aussi être associés.
La nuit, le signe numéro un est l’arrêt respiratoire constaté par le partenaire de lit. Le ronflement est souvent associé au SAS, bien que toutes les personnes qui en souffrent ne ronflent pas.
Les nuits sont très agitées : mouvements, réveils en sursaut, sueurs excessives, besoins fréquents d’aller aux toilettes.
Toutefois, certaines personnes présentant peu ou pas de symptômes peuvent quand même souffrir d’un SAS. C’est l’une des raisons pour lesquelles un examen du sommeil complet est nécessaire.
Si à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, l’hypersomnolence peut être liée à une maladie rare (ex : narcolepsie), chez les personnes âgées, elle est potentiellement le signe annonciateur d’une maladie chronique. C’est la conclusion à laquelle des chercheurs sont arrivés à l’issue d’une étude scientifique publiée en 2020.
Lors de cette expérience, 10 930 personnes (dont un tiers étaient âgées de plus de 65 ans) ont été contactées par appels téléphoniques successifs. La proportion de participants qui s’étaient endormis dès le premier entretien téléphonique a été analysée.
D’après les chercheurs, ces derniers avaient plus de chance de développer certaines maladies chroniques dans les 3 années qui suivent. Parmi ces pathologies : un risque doublé de développer un cancer et un risque multiplié par 2,3 de souffrir d’hypertension artérielle ou de diabète.
Si vous pensez souffrir d’hypersomnolence, n’hésitez pas à consulter un professionnel et souscrire une complémentaire santé senior adaptée pour prendre en charge vos frais de manière optimale.
La conséquence la plus grave de la somnolence est l’épisode de micro-sommeil, au cours duquel l’absence d’attention peut causer des accidents. Sur la route, au domicile ou au travail, ils sont nombreux. Les études montrent qu’avoir un SAS multiplie par 2 ou 4 le risque d’accident. Les conséquences sont telles que la somnolence diurne excessive est une contre-indication pour l’obtention ou le maintien du permis de conduire en France depuis 2005. Le SAS a pour conséquence une diminution du sommeil lent profond et du sommeil paradoxal. Il n’est donc pas réparateur, aussi bien mentalement que physiquement, ce qui provoque une irritabilité dont la personne n’a pas forcément conscience. Le SAS, l’obésité et le diabète sont associés et se renforcent mutuellement. Un mauvais sommeil augmente les risques de surpoids et de diabète ; le surpoids amplifie la sévérité des obstructions, et le diabète peut causer une atteinte des nerfs qui commandent les muscles des voies aériennes. À long terme, les efforts respiratoires nocturnes, l’obésité et le diabète causent des dégâts (hypertension artérielle, infarctus, accidents vasculaires cérébraux). Les apnées pourraient causer des troubles cognitifs irréversibles (difficultés de mémoire et concentration). En plus d’une qualité de vie moindre, si elles ne sont pas traitées, les personnes qui souffrent de SAS vivent en moyenne 15 ans de moins que celles qui n’en souffrent pas.
Source : Fondation APRIL, Santé et sommeil Une histoire à dormir debout (2014)