Le concept de prévention a fait l’objet de plusieurs classifications. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui définissait, en 1948, la prévention comme « l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps », elle se décline selon le stade de la maladie. Pour RS. Gordon, la prévention doit être classifiée en fonction de la population cible. Enfin, on parle également d’une prévention bio-médico-administrative.
Selon l’article L. 1417-1 de la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé : « La politique de prévention a pour but d’améliorer l’état de santé de la population en évitant l’apparition, le développement ou l’aggravation des maladies ou accidents et en favorisant les comportements individuels et collectifs pouvant contribuer à réduire le risque de maladie et d’accident. À travers la promotion de la santé, cette politique donne à chacun les moyens de protéger et d’améliorer sa propre santé ».
La conception de la médecine préventive par l’OMS est centrée sur la maladie. Elle distingue trois types de prévention : primaire, secondaire et tertiaire.
Son objectif est de mettre en œuvre un ensemble d’actes pour diminuer les conséquences d’une pathologie dans une population saine. Il s’agit donc de réduire au maximum les risques de voir apparaître de nouveaux cas. À ce stade primaire, la médecine préventive prend en compte :
Les conduites à risque individuelles, en s’intéressant tout particulièrement à l’hygiène corporelle, aux habitudes alimentaires, aux activités physiques, au suivi régulier du calendrier vaccinal…
Les facteurs de risque collectifs comme la distribution de l’eau potable, le ramassage et l’élimination des déchets, la salubrité de l’habitat, mais aussi l’hygiène dans le milieu professionnel.
Son rôle est de diminuer la prévalence, c’est-à-dire le nombre de cas d’une maladie dans une population malade, mais asymptomatique. Il est question de mettre en place des actions dès l’apparition de la pathologie pour limiter son évolution et tenter d’éliminer les facteurs de risque.
Les outils de la médecine préventive au stade secondaire sont centrés sur les tests pour dépister une maladie précocement, voire avant même qu’elle soit cliniquement visible. Cela concerne par exemple le syndrome métabolique (faible taux de cholestérol HDL, taux de triglycérides élevé, résistance à l’insuline…), ou encore une tendance à l’obésité.
À ce niveau, la maladie est symptomatique et le but est de centrer la prévention sur la diminution des récidives et la réduction des potentielles complications ou rechutes, pouvant entraîner à terme des incapacités chroniques. Les actions qui sont entreprises entrent dans le domaine de la réadaptation pour faciliter une réinsertion sociale et professionnelle des patients après le stade de la maladie.
Cette classification qui date de 1982 est basée non pas sur telle ou telle maladie, mais sur un certain type de population. Elle comporte trois niveaux de prévention : universelle, sélective et ciblée.
Ce type de prévention vise l’ensemble de la population (individus sains et malades). Elle est axée sur l’éducation pour la santé avec une attention toute particulière sur les principales règles d’hygiène. C’est le cas avec le Programme national nutrition santé (PNNS) qui existe depuis 2001 et qui est orienté sur la recherche de l’équilibre entre les apports alimentaires et les dépenses caloriques liées à l’activité physique.
Elle s’adresse à des groupes particuliers au sein de la population. Ainsi, elle va s’intéresser à des catégories socioprofessionnelles, à des tranches d’âge, aux femmes ou aux hommes… La prévention sélective prend en compte les risques encourus par chaque sous-groupe. Cela peut être la gestion de la sexualité chez les adolescents, la consommation de produits psychotropes dans le milieu des jeunes adultes ou la vaccination contre la grippe pour les seniors.
Il s’agit d’étudier des facteurs de risque spécifiques à des groupes déterminés. Le champ est vaste et comprend aussi bien la détection du diabète gestationnel chez la femme enceinte que l’hypercholestérolémie qui touche les quinquagénaires.
Ce type de prévention va au-delà des limites du domaine sanitaire. Elle prend en compte les risques biologiques, les moyens de prévention contre les accidents comme les radars sur les routes, la pollution de l’air…
Ce sont bien entendu les professionnels du secteur médico-social et les médecins généralistes qui ont une bonne connaissance du dossier médical de leurs patients et sont en mesure de leur donner des conseils à chaque visite, en fonction des risques particuliers auxquels ils s’exposent.
Les médecins de l’éducation nationale ont aussi un rôle important à jouer puisque leur mission s’inscrit dans le cadre de la politique de promotion de la santé chez les élèves, telle qu’elle est définie dans la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République.
On peut également citer des services de prévention spécialisés comme le SUMPP (Service universitaire de médecine de prévention des personnels) situé au sein des universités. Sa mission est de prévenir toute altération de santé chez les agents dans le cadre de leur activité professionnelle.
Enfin, on peut remarquer qu’au niveau de la vie professionnelle, l’entreprise a fait d’énormes progrès en matière de médecine préventive. Les acteurs externes et internes sont ici nombreux :
la médecine du travail ;
les fédérations professionnelles et l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) ;
les représentants du personnel avec les membres du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail ainsi que les services des ressources humaines.