Alors que les e-cigarettes, puffs ou encore pouches séduisent de plus en plus de jeunes et d’adultes en France, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) met en garde sur leurs risques d’addictions et d’intoxications. Le Haut conseil de santé publique (HCSP), de son côté, ne les considère pas comme des moyens efficaces de sevrage tabagique.
Récréative et souvent perçue comme une alternative aux cigarettes, la consommation des produits dérivés du tabac augmente. En un peu plus d’une dizaine d’années, leur offre s’est diversifiée, passant de la cigarette électronique à la puff (cigarette électronique jetable remplie de liquide aromatisé), au tabac à chauffer, ou à mâcher (chique). La plupart ont en commun de contenir des additifs et des substances parfois addictives et/ou toxiques selon un rapport de l’Anses (1).
Parmi les produits mis sur le marché, les produits dits connexes (c’est-à-dire exempts de tabac, mais pouvant contenir de la nicotine) sont les plus récents. Il s’agit notamment des « nicotine pouches » (ou sachets de nicotine) et des billes aromatiques. Selon l’Anses (1), ces deux produits sont responsables d’un nombre de plus en plus élevé d’appels aux centres antipoison (CAP).
Les cas d’intoxications dues aux billes aromatiques touchent principalement les enfants et adolescents de 6 mois à 17 ans. Entre 2020 et 2022, les cas d’ingestion accidentelle par des enfants de 1 à 3 ans représentaient 52,9 % des appels aux CAP, avec un caractère de gravité allant de faible à moyen.
En revanche, les intoxications nicotiniques dues aux pouches concernent le plus souvent des adolescents. L’Anses (1) souligne que ces produits peuvent contenir de hautes doses de nicotine entraînant, dans les cas les plus graves, des troubles de la conscience et des convulsions.
Bon à savoir : la « snus » est un sachet de tabac à glisser entre la gencive et la lèvre. Parfois présentée abusivement comme une aide au sevrage tabagique, ou une façon de contourner les interdictions de fumer, la snus est interdite en France comme dans les autres pays d’Europe (hors Suède), en raison de la nocivité avérée du produit.
En septembre 2023, un rapport du Sénat (2) alertait sur le manque actuel de connaissances scientifiques quant à la non-nocivité des produits dérivés du tabac. Dans le même document, les sénateurs relayaient cependant l’avertissement du Centre international de recherche sur le cancer sur les risques accrus de cancers (de la bouche, de l’œsophage, du pancréas) et d’accidents vasculaires avec les formes orales du tabac (chiques ou snus).
La Sécurité sociale ne rembourse pas les produits de vapotage (cigarettes électroniques et liquides). Ceux-ci n’ayant pas fait la preuve de leur utilité dans le cadre du sevrage tabagique, ils ne sont pas considérés comme des produits de santé, à la différence des traitements nicotiniques de substitution (TNS) reconnus comme tels par la Sécurité sociale : patch, gommes, pastilles, spray etc.
S’il fait l’objet d’un suivi médical, votre arrêt du tabac fait en effet l’objet d’une prise en charge : les traitements nicotiniques de substitution (patchs, gommes, pastilles, sprays et comprimés) reconnus par la Sécurité sociale sont remboursés à hauteur de 65 % par l’Assurance maladie, le reste à charge pouvant être couvert par votre mutuelle (vous offrant ainsi une prise en charge à 100 % de votre arrêt du tabac).
De même pour la Varénicline, un médicament pouvant être prescrit dans certaines indications.
Les soins de médecine douce, ou les cures thermales d’aide au sevrage tabagique peuvent aussi être couverts en tout ou partie par votre mutuelle, en fonction de son niveau de garantie.
Suite à la parution d’études contradictoires, le Haut conseil de santé publique (HCSP) est revenu en 2022 sur son premier avis datant de 2016 : ses membres estiment aujourd’hui que la cigarette électronique n’est pas un moyen efficace pour cesser de fumer. Ses experts préconisent le recours aux substituts nicotiniques reconnus.
De son côté, l’Académie nationale de médecine (4) signale un risque important d’addiction dû à la présence de nicotine et d’arômes sucrés dans les liquides des puffs. Le vapotage pourrait même constituer une porte d’entrée vers le tabagisme chez les jeunes.
Le programme national de lutte contre le tabac 2023-2027 doit aboutir à l’interdiction prochaine de la vente des puffs. Le dosage en nicotine du liquide de ces e-cigarettes jetables peut en effet atteindre 20 milligrammes/millilitre : un taux équivalent à 40 cigarettes, qui peut rapidement entraîner une dépendance chez des adolescents dont le cerveau est encore en plein développement, selon l’Académie de médecine.
(1) https://vigilanses.anses.fr/sites/default/files/VigilAnses_N21_article_tabac.pdf
(2) https://www.senat.fr/rap/r22-931/r22-9311.pdf
(3) https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=1138